Data sculpture de textes


Date : 2020

Exposition Antrepeauxmai – 2022
Exposition Tant qu’il y aura des fleursmars – 2022
Uncool memories # 2dec – 2020

Une bibliothèque physique

Dataglyphe.zip est une collection de data-sculptures en céramique incarnant un écrit. Chaque volume donne accès à un extrait de ce texte. Au moyen d’un smartphone muni de la technologie NFC, il suffit de scanner l’une des sculptures pour accéder au texte publié sur le web. C’est pour ainsi dire, une bibliothèque physique sous forme de sculptures, qui renvoie à un texte virtuel. Ce projet réengage l’archive dans la matière en instaurant un passage de l’espace de l’objet vers celui du réseau.

Grès noir, impression 3D.

Data_sculpture

Cette série est composée de data-sculptures, c’est-à-dire que les formes des sculptures sont générées à partir de données textuelles. Un programme permet d’extraire les données des textes (nombre de mots, répétition des mots, etc) et génère une forme sculpturale. Ainsi, le texte informe et forme les sculptures.

Puce NFC dans la sculpture. Photo : Paul de Lanzac

Impression 3D céramique

Archéologie du projet

Déroulez pour voir toutes les étapes

Texte vivant

La pensée à un aspect organique. L’écriture est un ensemble de détours et d’entrelacs. Leurs schémas peuvent emprunter des types de représentations biologiques (comme les phylogénèses, les arbres généalogiques, ou les probabilités en mathématique).

Dans ce projet, j’ai travaillé sur la fragmentation des textes et les liaisons qu’ils peuvent dessiner entre eux.

Ci-joint, des map que j’ai dessiné lors de l’écriture de mon mémoire (DNSEP) qui montrent l’architecture et les hiérarchisations de la pensée. Les liens entre les textes sont de différents statuts : parfois ce sont des unions, des transitions, des intersections, des oppositions.

Greffes et bifurcations de textes

D’après cette métaphore mathématique et biologique de l’écriture, j’ai souhaité témoigner de la genèse de l’écriture dans une sculpture évolutive. L’idée était de faire le lien entre un texte écrit sur une plateforme numérique et une sculpture physique

A l’image d’un arbre, cette sculpture serait une arborescence composée de branches, où chacune des branches représenterait un texte.

Animation de mes expérimentations.

Le data-objet n’est pas fini dans sa forme, mais continue à se construire au fur et à mesure que le texte s’écrie sur le web. Quand j’écris un texte, j’ajoute une nouvelle branche à la sculpture. Ce dispositif montre la temporalité de l’écriture et témoigne de la matérialité de l’écriture : sa capacité à se réagencer. 

Tout mon processus d’expérimentation a pour but d’interpréter plastiquement les transitions entre les textes. Que signifie une transition, une bifurcation, une liaison analogique entre les textes ? Pour cela, j’ai exploré des techniques additives : le plomb, la faïence en sur-cuisson. Afin de réussir à greffer une branche à l’objet dès qu’un nouveau texte était écrit.

Même si j’ai appliqué ce principe à l’écriture de mon mémoire, je pense qu’il serait intéressant d’expérimenter ce processus dans un contexte d’écriture collective. Car, ces bifurcations et embranchements entre les textes renvoient à la notion de Fork en programmation. Le Fork est une fonction qui permet à un programme de se dupliquer. Elle est souvent utilisée dans les logiciels libres pour permettre des contributions. L’auteur(ice) doit autoriser la modification, l’utilisation et la redistribution du code source.

Du texte à la forme

Afin d’incarner un texte dans la matière, il faut lui donner forme. Quelle forme choisir pour incarner des données textuelles ?

Je me suis intéressé aux outils d’analyse textuelle qui permettent d’extraire différentes données à partir de textes et de corpus de textes. J’ai notamment travailler à partir du logiciel open source Voyant Tools.

J’ai sélectionner ces trois données comme base de mon travail : nombre de mot du texte, les 5 mots les plus fréquent, l’apparition des mot dans le temps.

5 mots les plus utilisés dans le texte.
Nombre de fois où les 5 mots sont employés.
Visualisation globale du texte, apparition des 5 mots dans le temps.

Trois paramètres définissent la forme de la sculpture :

  • La hauteur est déterminée par le nombre de mot
  • Le profil est déterminé par un diagramme de Kiviat (radar chart) dont les paramètres sont les 5 mots les plus fréquents du texte.
  • La courbe est issue d’un streamgraph qui montre l’apparition des 5 mots les plus fréquents du texte sur l’échelle du temps.
Pourquoi la céramique ?

La céramique fait échos avec l’histoire de l’écriture : les tablettes d’argiles durant l’antiquité. Ces tablettes à écrire ont un rapport à la temporalité de l’écriture : soit la tablette était cuite et l’inscription restait pérenne, soit l’on recyclait la terre, faisant disparaître le texte.

Les données numériques, elles, ne sont pas immuables. Je souhaitais sortir les données de leur inscription numérique pour les réinscrire sur des matériaux traditionnels. La céramique et la pierre sont depuis toujours « les matériaux de la mémoire » : on grave les noms dans la pierre pour ne pas oublier.

Tablette d’argile, 3300 av JC
Agencement des sculptures textuelles

Cette œuvre est l’incarnation d’un texte. Chaque sculpture qui la compose, est l’incarnation d’un fragment de ce texte. Ainsi chaque sculpture textuelle est agencée l’une à côté de l’autre dans une logique de lecture.

Vue de haut des sculptures.